« La plus perdue de toutes les journées est celle où l’on n’a pas ri »
Qui ne connaît pas cette petite phrase, que l’on appelle aussi aphorisme? Elle est de Chamfort, de son vrai nom Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort.
Il était un écrivain, moraliste et journaliste français du 18e siècle. Il est connu pour ses maximes et ses pensées incisives qui remettent en question les conventions sociales et la morale établie de son époque. Chamfort était un observateur aiguisé de la société et de l’humanité, et il exprimait souvent ses idées de manière provocante et subversive.
La subversion de la morale est un thème récurrent dans l’œuvre de Chamfort. Il remettait en question les principes moraux traditionnels et critiquait les hypocrisies et les contradictions de la société de son temps. Chamfort était particulièrement critique envers l’aristocratie et la noblesse, qu’il considérait comme corrompues et décadentes. Il soulignait les inégalités sociales, la vanité, la superficialité et la recherche du pouvoir qui caractérisaient la société de l’Ancien Régime.
Les maximes de Chamfort, recueillies dans son ouvrage « Maximes et pensées, caractères et anecdotes » publié peu après sa mort en 1795, reflètent sa vision subversive de la morale. Il aborde des sujets tels que l’amour, l’amitié, la politique, la religion et la nature humaine d’une manière qui remet en question les valeurs morales et sociales préétablies. Ses maximes sont souvent paradoxales, ironiques et empreintes d’un certain cynisme.
Ce que l’on sait peut-être moins de Chamfort c’est que son fameux ouvrage « Maximes et pensées, caractères et anecdotes », n’est pas un ouvrage et n’a pas été publié de son vivant. Les centaines d’aphorismes et d’anecdotes qui le composent avait été écrites sur des petits bouts de papier que Chamfort lui-même gardait dans des casiers. Il n’est pas clair s’il avait eu l’intention d’en faire un jour un ouvrage, sans doute pas. C’est ce genre de questions que Jean-Baptiste Bilger, fils du fameux Philippe Bilger, ancien magistrat, évoque et tente de dénouer dans son ouvrage « Chamfort ou La subversion de la morale ».
Car ce personnage de Chamfort est aussi mal connu que ces aphorismes sont célèbres. On ne sait pas clairement qui étaient ses parents. On sait qu’il fut un des plus beaux esprits de son temps et en particulier à l’époque de la révolution française. Il n’est pas né dans le monde de l’aristocratie, mais s’y sentait comme un poisson dans l’eau, son brillant esprit faisait merveille dans les salons et les conversations comme on disait à l’époque. Mais très rapidement il a senti venir la révolution française et il y a dans son genre participé activement comme on dirait aujourd’hui en tant qu’intellectuel. Tellement activement qu’il en est mort. En effet un de ses ennemis, dira-t-on un jaloux, a réussi à le faire emprisonner et la terrible expérience que fut cet emprisonnement a convaincu Chamfort que plus jamais il ne rentrerait vivant dans une prison. C’est la raison pour laquelle il a tenté de se suicider en 1794 de la plus misérable façon qu’il soit puisqu’il s’est tiré un coup de pistolet dans la tête qu’il s’est en quelque sorte manqué, il s’est arraché un œil, abîmé la boîte crânienne puis il a tenté de se finir en se coupant les veines avec un rasoir au bras puis ensuite aux jambes. Il n’est pas mort mais s’est quasiment vidé de son sang et ses domestiques l’on récupéré in-extrémis. Mais clairement cet événement absolument dramatique signifiait la fin de sa vie il est finalement mort quelque mois plus tard.
C’est cette période absolument unique dans l’histoire de France, la révolution française que nous fait vivre l’auteur, Jean-Baptiste Bilger à travers l’exploration de la vie privée de Chamfort, de ses amis, de ses ennemis, de ce que l’on pouvait en savoir, car il était un esprit complexe. Curieux parallèle entre sa vie et celle de Chateaubriand relatés dans les mémoires d’outre-tombe. On peut considérer que son ouvrage posthume constitue des mémoires littéraires d’outre-tombe.
Si vous avez été frappés par le fameux ouvrage « Maximes et pensées, caractères et anecdotes » la lecture du livre de Jean-Baptiste Bilger vous comblera. Vous vous rendrez compte que Chamfort n’était pas seulement l’auteur de ces fameuses maximes mais beaucoup beaucoup plus que ça, un personnage central dans cette période unique de l’histoire de France que fût la Révolution française.
Chamfort était un esprit libre et critique, qui cherchait à déstabiliser les conventions morales et sociales de son époque à travers ses écrits. Sa subversion de la morale a contribué à l’évolution des idées et à la remise en question des normes établies.
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