De l’intelligence et de ses degrés

2016-01-18T23:00:00Z

La récente caricature de Riss dans **Charlie Hebdo** choque. C’est très bien, elle est faite pour cela. Elle fait parler, réagir, ne fait pas consensus; autrement dit, c’est un véritable succès. Même la reine de Jordanie l’a commentée, la gloire planétaire! (oui vous aussi vous ne vous seriez pas douté que la reine de Jordanie lirait Charlie Hebdo, eh bien, voyez, il ne faut jurer de rien, nous vivons une époque formidable!). Le Pape serait abonné en secret que cela ne m’étonnerait pas…

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Charlie Hebdo n’a jamais été un journal pour faire rire, encore moins pour respecter les bonnes manières ni les conventions. Charlie Hebdo est un journal satirique qui s’adresse aux gens intelligents qui savent qu’après le premier degré, il y en a d’autres. Un pari difficile à tenir dès qu’on sort du lectorat habituel, comme nous allons le voir.

Il n’est pas surprenant que, comme d’habitude, les imbéciles n’aient rien compris à ce dessin, pourtant si simple et limpide.

Il y a trois catégories de lecteurs:

Les « second degré »

Ce sont les lecteurs habituels de Charlie Hebdo, les abonnés d’avant le 7 janvier 2015, les anciens transfuges de « Hara-Kiri », le journal bête et méchant, qui ont tout de suite compris que l’objet du dessin n’était ni d’insulter la mémoire d’Aylan (!), ni de dire que tous les réfugiés sont des obsédés sexuels, mais précisément, au contraire, de dénoncer l’amalgame qu’on fait certains entre les réfugiés et les « tripoteurs de fesses » de Cologne. Formidable dessin donc, qui en quelques traits jette à la face des amalgamistes que les réfugiés non seulement ne sont pas tous des obsédés sexuels, mais que certains sont des enfants qui sont morts au cours de leur voyage et qui pour ces deux raisons, seraient bien en peine de devenir des adultes et encore moins des obsédés sexuels.

Les « premier degré »

Ils ont « compris » que le dessinateur désignait tous les réfugiés comme des obsédés sexuels. On trouve dans cette catégorie les résistants de la dernière heure, les abonnés tardifs et un brin obligés… Ils n’ont pas la culture Charlie, ne savent pas ce qu’est une analogie, une image.

Les « degré zéro »

Il me faut malheureusement citer cette troisième catégorie malgré le désespoir qu’elle m’inspire à propos de l’Humanité. Ils ont « compris » que le dessinateur se moquait d’un enfant mort… Pour penser que quelqu’un puisse se moquer d’un enfant mort, il faut effectivement être au degré zéro de l’intelligence. Terminons sur un point positif, il ne semble pas y avoir de degré en-dessous.