Discours de Claude Malhuret, sénateur , à l'Assemblée nationale française

Discours de Claude Malhuret, député, à l’Assemblée nationale française

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mes chers collègues,

L’Europe traverse un tournant critique de son histoire. Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée, et la Russie se renforce. Washington est devenue la cour de Néron, avec un empereur incendiaire, des courtisans soumis, et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. C’est un drame pour le monde libre, mais d’abord pour les États-Unis.

Le message de Trump est clair : rien ne sert d’être son allié, car il ne vous défendra pas. Il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis, menacera de s’emparer de vos territoires, tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent. Le roi du deal montre ce qu’est l’art du deal à l’envers. Il pense intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais face à un tel naufrage, la Chine accélère probablement les préparatifs de l’invasion de Taïwan.

Jamais dans l’histoire un président des États-Unis n’a capitulé devant l’ennemi, soutenu un agresseur contre un allié, ou piétiné la Constitution américaine comme Trump l’a fait. Il a pris des décrets illégaux, révoqué les juges, limogé l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs, et pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale, c’est un début de confiscation de la démocratie.

Il y a huit jours, alors que Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison Blanche, les États-Unis votaient à l’ONU avec la Russie et la Corée du Nord contre les Européens, réclamant le départ des troupes russes. Deux jours plus tard, dans le Bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier, en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a franchi un pas de plus dans l’infamie en stoppant la livraison d’armes pourtant promise.

Que faire devant cette trahison ? La réponse est simple : faire face. La défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les Pays-Bas, la Géorgie, la Moldavie sont déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner.

Poutine veut la fin de l’ordre mis en place par les États-Unis et leurs alliés il y a 80 ans, avec comme premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, où aujourd’hui les Américains votent en faveur de l’agresseur et contre l’agressé, car la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays.

Nous sommes donc seuls, mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à la propagande du Kremlin, la Russie va mal. La soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêt à 25 %, l’effondrement des réserves de devises et d’or, et l’écroulement démographique montrent qu’elle est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre.

Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni. Ils ont compris en un jour à Munich que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains. Ils ont trois impératifs : accélérer l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain, exiger que tout accord soit accompagné du retour des enfants kidnappés, des prisonniers, et de garanties de sécurité absolue, et enfin, bâtir la défense européenne, négligée au profit du parapluie américain depuis 1945.

C’est une tâche herculéenne, mais c’est sur sa réussite ou son échec que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui. Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe a besoin de sa propre alliance militaire. Il reste à la construire. Il faudra investir massivement, renforcer le Fonds Européen de défense, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée de l’Ukraine dans l’Union, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire, et relancer les programmes de boucliers antimissile et de satellites.

Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ, mais il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi pour de bon. Mais le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion face à la lassitude et à la peur de la guerre, et surtout face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême gauche, qui plaident contre l’unité et la défense européenne.

Ils disent vouloir la paix, mais leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de de Gaulle Zelensky par un Pétain ukrainien à la botte de Poutine. La paix des collabos qui ont refusé toute aide aux Ukrainiens depuis trois ans. Est-ce la fin de l’Alliance atlantique ? Le risque est grand, mais depuis quelques jours, l’humiliation publique de Zelensky et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les Américains.

Les sondages sont en chute, les élus républicains sont accueillis par des huées dans leurs circonscriptions, même Fox News devient critique. Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent l’exécutif, le Parlement, la Cour suprême et les réseaux sociaux, mais dans l’histoire américaine, les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête.
Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées, mais il dépend aussi de ceux qui, aux États-Unis, veulent défendre la démocratie, et ici, de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune, et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour dans l’histoire et qu’elle hésite à redevenir. Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du 21e siècle.

Vive l’Ukraine libre ! Vive l’Europe démocratique !
[Applaudissements]

Alors là, mes amis, permettez-moi de vous parler de ce discours qui a un côté « Game of Thrones » politique, mais en version réelle et sans les dragons (quoique, avec Trump et Poutine, on n’est pas loin du show fantastique).

L’Europe se retrouve comme ce pote qui réalise soudain que son coloc américain déménage sans prévenir, emportant le frigo et la télé. Pratique, non ? Le fameux « bouclier américain » qui se dérobe, c’est un peu comme quand ton parapluie se retourne en pleine tempête - au moment où t’en as le plus besoin.

Et que dire de cette image de Washington comme « la cour de Néron » ? Un empereur incendiaire et un bouffon sous kétamine… J’adore cette subtilité à la française ! On pourrait presque en faire une série Netflix : « House of Chaos », saison 1, épisode « Trahison transatlantique ».

Le truc qui me fait sourire jaune, c’est cette description de « l’art du deal à l’envers » de Trump. Imaginez un peu le manuel : « Comment intimider vos adversaires en vous couchant devant leurs alliés » - bestseller assuré dans les librairies du Kremlin !

Mais le message principal est là, tout de même : l’Europe doit arrêter de faire comme ces ados qui comptent sur leurs parents pour tout régler. Il est temps de prendre son studio, de payer ses factures et d’assumer sa vie d’adulte sur la scène internationale. Finies les soirées pizza devant Netflix en attendant que l’oncle Sam règle les problèmes !

L’appel à « faire face » résonne comme la sonnerie du réveil un lundi matin - personne n’a envie de l’entendre, mais il faut bien se lever. La défense européenne, c’est un peu comme ce régime qu’on reporte depuis des années : « Oui, oui, je m’y mets lundi prochain, promis ! »

Ce qui est fascinant, c’est cette prise de conscience collective - un peu comme quand tu réalises que tu as 30 ans et toujours pas de plan de retraite. L’Europe sort du déni plus vite qu’un Parisien quittant la capitale pendant la canicule.

Le réarmement moral dont parle l’orateur, c’est peut-être le plus compliqué. C’est comme essayer de convaincre tes amis de sortir faire du sport un dimanche pluvieux alors que Netflix propose une nouvelle saison de leur série préférée.

Franchement, entre les « collabos » qui prônent la capitulation et cette vision d’une Europe puissante et unie, on se croirait dans un épisode de « Choisis ton aventure » version géopolitique. Et le pire, c’est que cette fois, on ne peut pas revenir en arrière pour changer de page si l’histoire tourne mal.

Bref, comme dirait ma grand-mère : « C’est pas parce que ton voisin décide de faire le pitre que tu dois jeter tes principes par la fenêtre. » L’Europe a peut-être enfin l’occasion de montrer qu’elle peut faire autre chose que des directives sur la courbure des bananes !