Gérard Haddad: “Le sionisme est raciste et colonial”

Une excellente interview du Dr. Gérard Haddad, juif séfarade, psychiatre et auteur du livre « Archéologie du sionisme », au sujet du sionisme et de la situation israélo-palestinienne.

Thèmes principaux:

  • Critique du sionisme: Le Dr. Haddad se positionne comme un ancien sioniste désillusionné. Il dénonce le sionisme comme une idéologie colonialiste, raciste et suprémaciste, responsable de la situation actuelle au Moyen-Orient. Il affirme que « le sionisme au départ était une idéologie antijudaïque » et que « le sionisme s’est construit dans un décrochage par rapport à la réalité du judaïsme ».
  • Dénonciation de la politique israélienne: Le Dr. Haddad condamne avec véhémence la politique israélienne, qu’il qualifie de « folie meurtrière ». Il s’indigne des bombardements sur Gaza et le Liban, et critique le soutien inconditionnel de l’Occident, notamment de l’Allemagne et de la France. Il s’interroge : « comment peut-on signer une bombe dans quoi on est ? Où jusqu’où on est descendu dans l’immoralité ? »
  • Appel à la cohabitation et à la fraternité humaine: Le Dr. Haddad plaide pour la reconnaissance du peuple palestinien et la cohabitation pacifique entre Juifs et Arabes. Il dénonce le mythe de la « terre sans peuple pour un peuple sans terre » et appelle à « lutter contre ça et accepter la cohabitation ».
  • L’instrumentalisation de la Shoah: Le Dr. Haddad critique l’instrumentalisation de la Shoah par le gouvernement israélien pour justifier sa politique. Il cite le professeur Yehouda Elkana, rescapé d’Auschwitz, qui dénonce les « voyages de la vie » organisés pour les jeunes Israéliens à Auschwitz et leurs conséquences néfastes sur la mentalité israélienne.
  • La responsabilité des institutions juives françaises: Le Dr. Haddad dénonce le silence des institutions juives françaises face aux exactions israéliennes. Il déplore l’absence de voix dissidentes au sein de la communauté juive et critique l’alignement du CRIF sur les positions du gouvernement israélien.

Idées clés:

  • Le Dr. Haddad réfute l’idée que le sionisme était initialement un mouvement de justice et de liberté pour le peuple juif, affirmant qu’il s’agissait d’une idéologie colonialiste dès le départ, s’inspirant des modèles européens de l’époque.
  • Il dénonce le racisme inhérent au sionisme, illustré par le traitement discriminatoire des Juifs arabes au sein des kibboutzim. Il cite un exemple poignant : « Tu es un arabe ? Pas question ! Tu es un juif yéménite ? Pas pour toi ! »
  • Il critique l’influence néfaste de la Shoah sur la psyché israélienne, qui a conduit à une mentalité de « hors-la-loi » et à un refus du droit international. Il affirme que « Auschwitz a créé cette mentalité que nous Juifs, nous Israéliens, nous sommes en dehors des lois ».
  • Il dénonce l’hypocrisie de l’Occident qui condamne l’invasion de l’Ukraine par la Russie tout en fournissant des armes à Israël pour bombarder Gaza. Il s’interroge : « aucune sanction contre Israël ? Non seulement aucune sanction mais on lui envoie des armes, des munitions, des bombes d’une tonne, deux tonnes pour bombarder un petit territoire qui a la plus haute densité de population dans le monde ! »
  • Il appelle la communauté juive française à se réveiller et à retrouver les valeurs humanistes du judaïsme, en s’opposant à la politique israélienne et en défendant la cohabitation pacifique entre Juifs et Arabes.

L’interview du Dr. Haddad est un témoignage poignant et radical qui dénonce le sionisme et la politique israélienne avec force et conviction. Son analyse, à la fois historique et psychologique, offre un éclairage pertinent sur les racines du conflit israélo-palestinien et appelle à une refondation des relations entre Juifs et Arabes sur la base de la cohabitation et de la fraternité humaine.

La critique du sionisme et ses conséquences selon l’auteur

L’auteur formule une critique acerbe du sionisme, le qualifiant d’idéologie psychotique qui a engendré une situation de folie meurtrière au Moyen-Orient. Il dénonce plusieurs aspects du sionisme et ses conséquences :

  • Origines et nature du sionisme: L’auteur réfute l’idée d’une « terre sans peuple pour un peuple sans terre », soulignant que la Palestine était déjà peuplée avant l’arrivée des sionistes. Il affirme que le sionisme est un mouvement colonial qui s’est imposé par une propagande puissante exploitant la religion, la littérature et le cinéma. Il remet en question la vision d’un sionisme initialement juste et libertaire, le décrivant comme antijudaïque et raciste dès ses débuts, rejetant l’héritage juif et considérant les Juifs comme un peuple dégénéré.

  • Le Kibboutz: L’auteur critique le Kibboutz, souvent présenté comme un modèle de communisme, en soulignant son racisme envers les Juifs arabes et les Juifs orientaux. Il cite des exemples de discrimination à l’entrée des Kibboutzim et l’exclusion des Juifs non-européens.

  • Conséquences sur la société israélienne: L’auteur déplore la création d’un « Juif nouveau », militariste et détaché de la culture traditionnelle juive, ainsi qu’un effondrement moral et spirituel de la société israélienne. Il met en lumière le mépris envers les Juifs de la Diaspora, qualifiés de « galout », terme péjoratif désignant un Juif craintif et soumis.

  • La Shoah: L’auteur critique l’instrumentalisation de la Shoah par le sionisme, qui justifierait une politique d’exception pour Israël et un non-respect du droit international. Il dénonce l’organisation de voyages à Auschwitz pour les jeunes Israéliens, créant une mentalité de peuple « hors des lois ».

  • Impact sur le Moyen-Orient: L’auteur condamne fermement la violence d’Israël envers les Palestiniens, qualifiant les bombardements de Gaza d’assassinats purs et simples. Il s’indigne de l’inaction de l’Occident face à cette situation et dénonce le double langage des Etats-Unis qui condamnent la violence tout en fournissant des armes à Israël.

  • L’avenir: L’auteur appelle à une cohabitation pacifique entre Israéliens et Palestiniens, dénonçant le refus du sionisme de partager la terre et la volonté de certains dirigeants israéliens d’étendre le territoire jusqu’à des frontières irréalistes.

En conclusion, l’auteur voit dans le sionisme une idéologie néfaste qui a corrompu les valeurs juives et mené à une situation de violence et de chaos au Moyen-Orient. Il appelle à un rejet de cette idéologie et à un retour aux principes humanistes de cohabitation et de respect du droit international.