Il est crucial que chacun soit libre d’exprimer son opinion sur Israël. La censure n’a pas sa place, peu importe les circonstances. Cela dit, quand on se demande qui est légitime pour aborder la question israélo-palestinienne, on s’interroge forcément sur qui a raison ou tort dans ce conflit, qui n’est pas simplement une guerre mais un conflit complexe.
Il est contre-productif de personnaliser ce débat en tirant des conclusions basées sur les interlocuteurs. Un débat ad hominem n’apporte rien de constructif. Il vaut mieux s’en tenir aux faits historiques largement documentés depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Une abondance de sources crédibles permet d’explorer les événements. Le projet de créer un foyer pour le peuple juif, qui avait souffert de l’Holocauste, était une initiative légitime que peu de personnes sensées auraient contesté. Cependant, le choix d’établir ce foyer au cœur de populations palestiniennes et arabes fut une décision malavisée, comme l’ont prouvé les événements depuis 1948.
Le conflit a depuis révélé ses limites. Dans quelques décennies, nous pourrions marquer un siècle de lutte, sachant que la seule issue possible n’est pas militaire mais diplomatique, à travers une solution à deux États, que l’État d’Israël rejette pour l’instant. Les populations locales ont également repoussé cette solution par le passé, jugeant les propositions inéquitables. L’origine du conflit est connue de tous et a été analysée de manière exhaustive. Les mouvements comme l’OLP, le Hamas et le Hezbollah, souvent pointés du doigt, sont apparus bien après la création de l’État d’Israël, ce qui permet d’écarter leur rôle comme cause première du conflit.
L’État d’Israël, qui doit sa survie militaire aux États-Unis, se perçoit comme dépendant de ce soutien. Beaucoup d’experts estiment qu’en l’absence des États-Unis, Israël pourrait s’effondrer en quelques semaines lors d’un conflit de haute intensité. En cela, Israël apparaît parfois comme une extension des intérêts américains dans la région, et son avenir sécuritaire semble, à tort, reposer sur la force militaire et l’élimination de ses ennemis. L’histoire a démontré que cette approche est une impasse.
Actuellement, Israël se prépare peut-être à frapper l’Iran pour contrer une supposée menace nucléaire, malgré l’opposition américaine à une telle attaque. Israël justifie son propre arsenal nucléaire tout en le refusant à d’autres, ce qui ne favorise pas la stabilité régionale. Israël, n’ayant pas de vision stratégique à long terme, commet l’erreur de penser que la force militaire apportera la paix. Cette illusion est vouée à l’échec.
Comme le rappelle la citation du film Cent mille dollars au soleil, « Il est agréable de tenir quelqu’un en joue au bout de son fusil, mais le problème, c’est qu’on ne peut plus jamais le lâcher, jamais… » Cette dépendance aux armes ne fera qu’aggraver la situation. L’État d’Israël, ayant abandonné les solutions diplomatiques, croit qu’en éliminant ses ennemis, il éliminera aussi leur volonté de résistance, une supposition démentie par l’histoire.
Israël ne mène pas une guerre classique contre des États, mais fait face à des conflits asymétriques. Dans ce type de guerre, la victoire est impossible pour un petit État comme Israël, et la menace pour ses citoyens, tant en Israël qu’à l’étranger, ne fera que croître. Des figures comme Luc Ferry, ainsi que certaines voix au sein de la communauté juive, reconnaissent que l’aveuglement d’Israël est son plus grand ennemi.
La paix, même temporaire, pourrait être atteinte si une solution diplomatique est trouvée avant que l’Iran ne dispose de l’arme nucléaire. Toutefois, aucun citoyen israélien ne pourra jamais vivre dans la sérénité tant que la violence persiste. Les dirigeants israéliens, tout comme une partie de sa population belliciste, semblent croire à tort que la situation s’améliorera par elle-même. Ils pensent que les populations palestiniennes opprimées oublieront leur souffrance, ce qui est une profonde erreur.
Espérons qu’un prochain dirigeant d’Israël abandonnera cette approche va-t-en-guerre et aveugle pour se concentrer sur l’avenir du pays au-delà des crises immédiates. Comme observateurs extérieurs, nous avons tout à fait le droit de commenter ces événements, et c’est là notre seul véritable espoir pour l’avenir.