Le chaos trumpiste s'est bien déroulé comme prévu

Les premières semaines présidentielles de Donald Trump ont rapidement confirmé ce que beaucoup pressentaient : une diplomatie chaotique, impulsive et singulièrement contre-productive. Son approche, mêlant brutalité rhetórique et ignorance des subtilités géopolitiques, s’est immédiatement heurtée aux réalités internationales.

La politique d’expulsion des immigrés illégaux illustre parfaitement cette maladresse. Utiliser des avions militaires pour ces transferts relevait déjà d’une conception quasi-militariste des relations humaines. La réaction du Brésil, puis de la Colombie, a rapidement mis en lumière l’absurdité et l’inefficacité de telles méthodes. Ces pays n’ont pas simplement protesté, ils ont littéralement neutralisé la stratégie trumpienne par une diplomatie intelligente et mesurée.

La tentative d’imposer des taxes à l’importation révèle une compréhension économique tout aussi rudimentaire. Ces mesures protectionnistes, présentées comme un coup de force, se sont rapidement transformées en exercice de style grotesque. Le Mexique, le Canada ont tour à tour désarmé ces velléités par une négociation qui a plus relevé de la mise en scène que du rapport de force réel.

On observe là les prémices d’une présidence qui confond communication et action politique, spectacle et gouvernance. Trump semble découvrir, parfois presque malgré lui, que les relations internationales ne se négocient pas comme des contrats immobiliers new-yorkais.

La géopolitique, contrairement à ce que suggérait sa rhétorique guerrière, ne se résume pas à des menaces et des postures. Chaque tentative de rapport de force s’est soldée par un échec diplomatique cuisant, révélant une administration plus prompte à claironner qu’à véritablement gouverner.

Au-delà de ces épisodes cocasses se profile un tableau plus préoccupant : celui d’une superpuissance momentanément dirigée par un homme incapable de comprendre la complexité des enjeux internationaux. Un leadership qui se résume à des tweets provocateurs et des déclarations fracassantes, mais dont l’inefficacité le dispute à la vulgarité.

Ces premières semaines auront ainsi été moins un feu d’artifice politique qu’un pétard mouillé diplomatique, confirmant les plus sombres pronostics de ses détracteurs. L’Amérique trumpienne se révèle, non comme un colosse aux pieds d’argile, mais comme un colosse aux réflexes d’argile.