Les Etats-Unis d'Amérique sont-ils la propriété des Etats-Unis, ou des peuples amérindiens? Une question Trumpienne

L’histoire récente nous offre un épisode particulièrement révélateur de la conception trumpienne du pouvoir : cette fascinante - et quelque peu surréaliste - velléité d’acquisition du Groenland, du Panama et du Canada, soit par négociation, soit par la force. Une proposition qui, si elle a stupéfié la communauté internationale, s’inscrit dans une certaine continuité historique qu’il convient d’examiner.

Certes, les transactions territoriales ne sont pas une nouveauté dans l’histoire des nations. Songeons à l’Alaska, cette « folie de Seward », ou à la Louisiane, cédée par Napoléon dans un moment de pragmatisme géopolitique. Même la France, avec Mayotte, n’est pas étrangère à ces mutations territoriales. Ce qui frappe ici, ce n’est donc pas tant le principe d’une transaction que sa formulation brutale, presque caricaturale : une OPA hostile sur un territoire souverain, assortie d’une menace à peine voilée de recours à la force.

Le parallèle avec Poutine est d’ailleurs saisissant. Quand de tels propos émanent du Kremlin, ils s’inscrivent dans une rhétorique attendue. Mais venant du leader autoproclamé du « monde libre », ils prennent une dimension particulièrement troublante, révélatrice d’une dérive impérialiste désormais assumée.

On pourrait sourire de ces rodomontades, comme on a souri du fameux mur mexicain - ce projet pharaonique aux résultats aussi coûteux que dérisoires - ou des promesses martiennes d’Elon Musk, aujourd’hui plus préoccupé par ses déboires terrestres que par la conquête spatiale. Mais au-delà de ces effets d’annonce, se dessine un projet politique inquiétant : la transformation explicite des États-Unis en empire décomplexé.

L’ironie ultime réside peut-être dans cette remise en question des droits du Danemark sur le Groenland. Car enfin, si l’on devait examiner la légitimité des titres de propriété territoriaux, que dire de celle des États-Unis sur les terres des nations amérindiennes ? Cette contradiction flagrante nous rappelle que l’histoire est souvent écrite par les vainqueurs, mais que la mémoire des peuples, elle, ne s’achète pas.

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