Les prévisions de Donald Trump se révèlent toujours exactes, c'est un devin !

Cette attente désespérée envers Donald Trump, censé résoudre miraculeusement l’ensemble des problèmes mondiaux, des plus graves aux plus insignifiants, m’évoque irrésistiblement cette bande dessinée d’Astérix intitulée « Le Devin ». Vous vous souvenez ? Un charlatan s’y arroge des pouvoirs prophétiques imaginaires en prédisant avec assurance qu’« après la pluie viendra le beau temps »…

Nul besoin d’être devin, ni de posséder des facultés surhumaines pour anticiper qu’après la catastrophe humanitaire et le génocide perpétré par Israël à Gaza – le plus grave de notre époque –, nous connaîtrions une accalmie relative. C’est une évidence arithmétique, presque mécanique.

L’Histoire nous enseigne qu’il existe deux catégories de grandes figures : celles qui surgissent au moment opportun et qui, par leur action, ont véritablement créé ce moment décisif – le général De Gaulle en constitue l’archétype. Et puis il y a ces autres personnalités qui arrivent également au bon moment, mais à la manière d’inspecteurs des travaux finis, pour s’attribuer les lauriers d’une œuvre à laquelle elles n’ont guère contribué.

Je salue néanmoins l’initiative du président Macron concernant la reconnaissance de l’État palestinien – démarche que ni Trump ni Netanyahou n’ont accomplie. Ce cessez-le-feu provisoire ne résout évidemment aucune des questions fondamentales du Moyen-Orient. Il n’apporte certainement pas la paix.

Comment imaginer, en effet, que parmi les centaines de milliers de proches des victimes du génocide israélien – reconnu par la commission de l’ONU le 16 septembre 2025 –, certains puissent se dire : « Finalement, tout est pardonné, retournons à notre existence d’avant, retrouvons nos maisons détruites, et oublions tout cela » ? C’est évidemment une vue de l’esprit. Absolument rien n’est résolu.

Après avoir frappé la population palestinienne pendant des années, Israël a simplement mal à la main qui tient le marteau et se repose un instant. Ne nous méprenons pas : il n’y a rien d’autre à voir dans cette phase que je me garderai bien de célébrer.

Notons d’ailleurs que l’acteur clé, présent depuis le début, reste le Hamas. Israël n’a jamais réussi à l’éliminer, contrairement à ses affirmations, puisqu’il a dû négocier avec lui. Or, on ne négocie pas avec une entité qui n’existe plus, n’est-ce pas ? C’est bien la détention d’otages israéliens qui a fourni la clé du déblocage – certainement pas M. Netanyahou avec sa stratégie de destruction totale, qui n’a abouti qu’au génocide. Certainement pas les livraisons d’armes américaines à Israël, qui n’ont fait qu’alimenter ce massacre.

Non, le déclencheur véritable fut la déclaration du président Macron, suivie par plusieurs autres grandes nations, sur la nécessité d’établir un État palestinien. Ce fut là le catalyseur, et M. Trump s’est laissé convaincre par cette initiative. La France peut légitimement s’en féliciter.

Maintenant, si vous souhaitez que M. Trump résolve tous les problèmes mondiaux, interrogez-vous d’abord sur son intérêt personnel à le faire, car cet homme ne fonctionne que selon cette logique. Il a tenté de s’approprier les ressources minérales ukrainiennes, mais les Ukrainiens, fins stratèges, ont déjoué cette manœuvre un peu grossière.

Finalement, cette modeste trêve temporaire à Gaza ne représente qu’une brève éclaircie dans la longue série d’échecs présidentiels de M. Trump.

Je ne peux que me réjouir humainement de la libération d’otages, qu’ils soient palestiniens ou israéliens. Particulièrement celle des prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes qui, selon plusieurs organisations internationales et certaines israéliennes, subissent maltraitances et tortures sans procès, et ont enfin recouvré leur liberté.

On ne peut se réjouir que de ces quelques destins individuels qui basculent, car tout le reste nous échappe complètement. Le problème de fond – la colonisation de la région par Israël – non seulement demeure irrésolu, mais s’aggrave quotidiennement.

Je ne vois donc absolument aucune raison de me réjouir de quoi que ce soit.