L'internet tel que nous le connaissions aurait-il disparu ?

Cette vidéo explore la théorie de l’internet mort, suggérant que l’internet tel que nous le connaissions, dominé par du contenu créé par des humains pour des humains, a disparu. L’automatisation par des robots et, plus récemment, l’IA générative, ont saturé l’espace numérique avec du contenu potentiellement non humain, rendant la détection de ce contenu automatisé plus difficile. Cette prépondérance du contenu généré est motivée par les modèles de monétisation et l’impact que les médias sociaux peuvent avoir. L’idée est que l’internet n’est pas en train de mourir, mais qu’il subit une renaissance ou une transformation, potentiellement vers davantage d’interactions au sein de communautés privées comme Discord.

Mes réflexions sur cette vidéo:

Internet, intelligence artificielle et le défi de l’information contemporaine

Dans cette époque numérique qui est la nôtre, l’avènement d’Internet représente sans conteste l’une des plus remarquables réalisations de l’esprit humain. Cette révolution technologique, comme toute innovation majeure, suscite à la fois émerveillement et inquiétude. Il convient d’analyser avec finesse ce phénomène qui redessine profondément notre rapport à l’information et à la connaissance.

L’intelligence artificielle générative a incontestablement envahi nos espaces numériques, particulièrement les réseaux sociaux. Mais faut-il s’en alarmer? Je ne le crois pas. Dans la grande majorité des cas, l’artifice se révèle au regard attentif. Notre intelligence naturelle, cette faculté critique que nous possédons tous, demeure notre meilleur rempart face à ces contenus synthétiques.

Rappelons-nous que la manipulation de l’image précède largement l’ère numérique. Staline, déjà, maîtrisait l’art de la retouche photographique pour façonner sa propagande politique. La falsification n’est pas née avec les algorithmes. Ce qui change aujourd’hui, c’est l’échelle et la démocratisation de ces pratiques.

La prolifération des contenus générés artificiellement nous invite, paradoxalement, à un exercice salutaire: celui de l’investigation personnelle. Confrontés au doute, nous devons multiplier les sources, croiser les informations, exercer notre jugement. N’est-ce pas là une forme d’émancipation intellectuelle? L’intelligence artificielle nous pousse, par un étonnant retournement, à mobiliser davantage notre propre intelligence.

Quant à l’utilisation mercantile de ces technologies pour attirer l’attention et générer des revenus publicitaires, elle s’inscrit dans une longue tradition capitaliste. La publicité mensongère n’a pas attendu les réseaux sociaux pour prospérer. Notre vigilance critique doit s’exercer de manière constante, qu’il s’agisse de promesses commerciales ou d’images truquées.

Face à la médiocrité ambiante qui semble envahir les espaces de commentaires publics, deux attitudes se dessinent: l’ignorance délibérée ou l’élévation du débat. Je pencherais pour la seconde option, tout en reconnaissant sa difficulté. Ces commentaires indigents révèlent moins une baisse d’intelligence collective qu’une visibilité nouvelle donnée à des opinions qui, jadis, restaient confinées dans la sphère privée. L’internet agit comme un révélateur impitoyable de notre condition intellectuelle collective.

C’est précisément en réaction à cette cacophonie numérique que se développent des espaces plus restreints et mieux régulés: groupes Facebook thématiques, forums spécialisés, communautés Discord ou Slack. Ces îlots de réflexion, lorsqu’ils sont administrés avec rigueur, permettent l’émergence d’échanges de qualité. La sélection naturelle opère: la qualité appelle la qualité.

Car n’oublions pas cette vérité fondamentale: Internet est notre création collective. Nous ne sommes pas spectateurs passifs de son évolution, mais acteurs de sa destinée. Pour chaque contenu médiocre généré par algorithme, il existe des analyses rigoureuses, des réflexions profondes, des débats stimulants – comme en témoigne le blog de Philippe Bilger cité en exemple.

L’internet que nous connaîtrons demain sera le reflet de nos exigences d’aujourd’hui. Si nous recherchons la profondeur, la nuance, l’authenticité, nous les trouverons ou, mieux encore, nous les créerons. Dans ce flux incessant d’informations, notre responsabilité individuelle n’a jamais été aussi déterminante. Voilà peut-être le véritable défi de notre temps: rester maîtres et architectes de notre environnement numérique, plutôt que consommateurs passifs de contenus préfabriqués.