On appelle parfois les alpinistes « les conquérants de l’inutile », en référence au titre d’un célèbre livre. Bien que je ne sois pas passionné par l’alpinisme, je prends plaisir à admirer certaines de leurs performances, même si elles n’ont aucun impact concret sur la majorité de l’humanité. J’éprouve un sentiment similaire vis-à-vis des entreprises d’Elon Musk. Je salue le travail des ingénieurs et techniciens de SpaceX, d’autant plus que ces derniers sont rarement mis en avant par leur patron (probablement en raison de la taille de ses chevilles, qui fait office d’arbre cachant la forêt).
Cependant, je doute de l’avenir de cette technologie. Rattraper une balle au vol est courant au tennis, mais beaucoup plus rare dans le domaine spatial, où le coût de la « balle hors terrain » est… astronomique. Le « parfois ça marche » ne me semble pas suffisant pour convaincre les investisseurs. D’ailleurs, la NASA a abandonné sa navette réutilisable, car cela n’était pas viable. Comme le rappelle régulièrement Yann LeCun, Musk vend surtout du rêve, ou des systèmes qui existent depuis bien longtemps. Pour rappel, la première voiture électrique date de 1834.
Si encore le personnage était attachant, doté d’empathie pour l’humanité, on pourrait lui pardonner ses « conquêtes de l’inutile ». Mais c’est tout le contraire. Il saisit presque chaque occasion pour faire preuve de vulgarité et de mépris pour les lois, sauf celles qui lui conviennent. On comprend mieux pourquoi Donald Trump a réussi à se faire deux ou trois amis dans le monde, parmi lesquels Poutine, le dirigeant nord-coréen, et Monsieur Musk. Qui se ressemble s’assemble. Donc, non merci, très peu pour moi.